Thursday, September 18, 2008

today

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.


Charles Baudelaire
L' albatros

2 comments:

  1. byou-ti-ful.
    CB's the man.

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  2. ...ίδιος με τούτο ο ποιητής, τ' αγέρωχο πουλί
    που ζει στη μπόρα κι αψηφά το φόβο του θανάτου
    σαν έρθει εξόριστος στη γη και στην οχλοβοή
    μες στα γιγάντια του φτερά χάνει τα βήματά του

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